Le comité de l’ONU contre la torture établit que celle-ci est une pratique systémique en Égypte

par Mada Masr مدى مصر

Original: UN committee calls torture in Egypt a systemic practice
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Le Comité de l’ONU contre la torture décrit les violations des droits humains en Égypte comme une pratique routinière dans son rapport annuel présenté à l’Assemblée générale des Nations Unies. Le rapport révèle les résultats d’une enquête quinquennale lancée en 2012 suite aux plaintes déposées par la Fondation Al Karama sur cette question.

Le rapport a noté que le gouvernement égyptien avait commenté les résultats en juin 2016,Carlos Latuff reconnaissant son incapacité à répondre aux allégations spécifiques faites par le comité, mais concluait que cela seul ne justifiait pas qu’on parle de torture systématique.

Le gouvernement égyptien aurait considéré ces allégations comme sans fondement et manquant de «preuves justificatives», mais aurait accueilli favorablement certaines des recommandations du comité, affirmant qu’elles avaient déjà été mises en œuvre.

Cependant, le gouvernement a refusé un certain nombre de recommandations du comité, dont celles qui proposent la fin de l’isolement, la création d’ un organe indépendant chargé d’enquêter sur les allégations de torture, de disparitions forcées et de mauvais traitements, la limitation des procès militaires aux affaires non civiles et l’abolition des tests de virginité et anaux sur les prisonnières et prisonniers.

Le rapport a été présenté quelques jours avant la conférence de l’Assemblée générale à New York, à laquelle le président Abdelfattah Al Sissi devrait assister, au milieu de critiques à l’égard du gouvernement concernant les violations des droits de l’homme, plus récemment dans un rapport publié par Human Rights Watch, dont le site ouèbe a été bloqué d’accès en Égypte peu de temps après.

Le rapport indique que les sources sur lesquelles il repose révèlent que «la torture est pratiquée par des responsables égyptiens de l’armée, de la police et des prisons pour punir les manifestants et, depuis 2013, les membres et les sympathisants des Frères musulmans, pour extorquer des aveux , et pousser les détenus à impliquer d’autres personnes dans des crimes « .

Le comité a ajouté: « Les sources ont allégué que l’impunité pour la torture était largement  répandue et était facilitée par l’absence d’une autorité chargée d’enquêter en toute indépendante sur les plaintes de torture, par le recours excessif aux tribunaux militaires, par le manque de surveillance régulière indépendante des lieux de détention et par l’indépendance et la compétence insuffisantes du Conseil national des droits humains « .

Le rapport a également noté que la torture suit habituellement des arrestations arbitraires et est pratiquée pour extorquer les aveux ou pour intimider et punir les prisonniers politiques. Le comité accuse les procureurs, les juges et les fonctionnaires des prisons de faciliter les atteintes aux droits humains en raison de leur échec à freiner les «pratiques de torture, de détention arbitraire et de mauvais traitements», ou [à agir] suite à des plaintes ».

Le rapport avance que l’usage systématique de la torture par les forces de sécurité peut constituer un crime contre l’humanité et appelle le gouvernement égyptien à y mettre fin et à déférer les auteurs en justice.

Selon le rapport de HRW, les victimes ont indiqué parmi les méthodes communes de torture les  coups, les décharges électriques, les positions douloureuses et parfois même le viol.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a condamné le rapport dans un communiqué publié par son porte-parole du ministère, affirmant qu’il était plein de fausses assertions.

Le chef du Conseil national pour les droits humains, Mohamed Faek a également critiqué le rapport en disant qu’ «il n’y a pas de torture dans les prisons et les centres de détention en Égypte», dans des commentaires postés sur le site du journal privé Youm7.

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